L'inventeur by Miguel Bonnefoy

L'inventeur by Miguel Bonnefoy

Auteur:Miguel Bonnefoy [Miguel Bonnefoy]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Française, Littérature Vénézuelienne
Éditeur: Rivages
Publié: 2022-08-15T22:00:00+00:00


V

La situation se renversa par un mystérieux coup du sort. Deux ans après la guerre, le tumulte retomba, une république s’installa, et ce nouvel air ambiant rétablit les forces de Mouchot. La paix était revenue et, avec elle, un bonheur exacerbé et festif dans les rues. Tandis que tout le monde, dans tous les quartiers, dans toutes les villes, célébrait la fin des conflits, levait les barricades, rendait hommage aux morts illustres, reconstruisait les avenues, l’espoir monta dans son cœur comme une lente marée.

En septembre 1873, Mouchot quitta Meudon et revint à Tours. Il adressa une demande de subvention au conseil général d’Indre-et-Loire dont la lettre fut lue aux conseillers généraux. Les membres de la quatrième commission et autres experts furent invités à se rendre le lendemain, à treize heures, dans les jardins de la préfecture pour prendre leur décision mais, ce jour-là, la chaleur était telle qu’ils furent obligés d’attendre le soir pour délibérer. Une allocation de 1 500 francs lui fut attribuée.

Mouchot fit construire un four solaire et un générateur de deux mètres soixante de diamètre. Le sens de l’histoire lui était favorable. Les milieux financiers, au lendemain de la guerre, investissaient dans les ressources énergétiques. Georges Ville, passant par Tours, assista aux essais à la préfecture, en parla au préfet, M. Decrais, qui fit tout le nécessaire pour obtenir du conseil général une nouvelle subvention permettant à Mouchot de fabriquer un générateur solaire, plus grand, plus imposant, qu’il acheva deux ans plus tard.

Le 4 octobre 1875, Mouchot était parvenu à extraire du néant un appareil superbe dont le miroir, à la forme d’un tronc de cône à bases parallèles, par un beau temps ordinaire, pouvait vaporiser cinq litres d’eau en une heure. Dans la cour de la bibliothèque municipale, des centaines de personnes s’étaient rassemblées pour applaudir ce triomphe de la physique. Il eut un tel écho dans la presse qu’un hommage lui fut rendu lors de la cérémonie de distribution des prix, où Mouchot reçut la palme d’officier de l’Instruction publique. Le lendemain, dans la salle des pas perdus du palais de justice de Tours, dix ans après la démonstration désastreuse dans la cour du lycée impérial, se déroula la distribution solennelle des prix du lycée, en présence du préfet, du général, de l’archevêque, de notables et de parents d’élèves. Parmi eux, le proviseur du lycée impérial, M. Borgnet, qui avait autrefois douté de lui, qui avait hésité devant son visage obstiné, prononça un discours magnifique, où il mit en lumière l’œuvre « dont le but éminemment utile » avait non seulement illustré leur lycée, mais également le portait à croire qu’il illustrerait la France.

Stimulé par cette reconnaissance, Mouchot profita de cette palme pour solliciter, auprès du ministère, dans une lettre du 20 octobre, un congé d’inactivité avec traitement. Ces succès consécutifs, sa persévérance dans l’effort finirent par payer car, à la fin de l’année scolaire, sa nouvelle demande fut agréée. Mouchot obtint ce qu’il avait toujours voulu : un congé de son poste d’enseignant pour se consacrer entièrement à ses recherches.



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